Si on apprend aux enfants à écrire de bonnes chansons, ils n'auront plus envie d'écouter de la merde.
Cette vérité profonde, parmi mille autres pépites, est à entendre dans le documentaire de France Culture Les mots d'Allain LEPREST.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Si on apprend aux enfants à écrire de bonnes chansons, ils n'auront plus envie d'écouter de la merde.
Cette vérité profonde, parmi mille autres pépites, est à entendre dans le documentaire de France Culture Les mots d'Allain LEPREST.
Pour ce 21 décembre, jour de la fin du m du début de l'hiver, un texte de saison :
J'ai peur des généraux du froid
Qui foudroient l'épi sur les champs
Et de l'orchestre du Norrois
Sur la barque des pauvre gensAllain LEPREST, J'ai peur.
L'Euro et le Tour de France n'étaient qu'un avant-goût : le chauvinisme généralisé s'apprête désormais à nous délivrer son meilleur arrière-goût :
C´est vrai qu´ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n´ont qu´un seul point faible et c´est être habités
Et c´est être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Maudits soient ces enfants de leur mère patrie
Empalés une fois pour toutes sur leur clocher
Qui vous montrent leurs tours leurs musées leur mairie
Vous font voir du pays natal jusqu´à loucher
Qu´ils sortent de Paris ou de Rome ou de Sète
Ou du diable vauvert ou bien de Zanzibar
Ou même de Montcuq il s´en flattent mazette
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque partGeorges BRASSENS
Pierre est parti pour le Pérou (bis)
Par le pétrolier "Le Poitou" (bis)
Pour payer son passage il a
Pris dans l'équipage un emploi
II pêche du poisson sur le pont - ont - ont
Pour compléter les provisions
Et pour enfoncer le clou, non seulement cette année la St Pierre tombe pile sur le jour du poisson, mais en plus Tomi UNGERER s'est lui aussi fendu d'un abécédaire tout aussi marteau !
L'ensemble est à voir et écouter grâce à Debout sur le zinc !
Ecouté récemment cette excellente émission (grâce au podcast, qui est au XXIème siècle ce que le VHS était au XXème, la poussière en moins).
On y entend Louis ARAGON savourer la large audience de ses poèmes par le biais de la chanson.
Puis il évoque par comparaison les tirages dont devaient se satisfaire de leur vivant ses glorieux devanciers poètes : 1500 exemplaires pour les parutions de Paul VALERY et entre 1000 et 1200 pour Victor HUGO...
Moralité : pour vivre de sa poésie, quand elle n'est pas adaptée par FERRE, BRASSENS ou FERRAT, il faut être mort.
Sinistre perspective.
Les textes des rappeurs français laissent une impression générale de grandiloquence, et parfois jusqu'à l'enflure. Il semble que cela provienne de leur mauvaise habitude de recourir en permanence à l'allitération et à la rime. Cette ressource quasi-obsessionnelle présente en effet l'inconvénient de restreindre à l'excès le vocabulaire utilisé, au point de faire sauter les barrières des registres du langage. Lorsque, par souci de la rime ou de la répétition des sons, vous ne pouvez plus désigner un objet que par un mot, vous perdez votre liberté créatrice, et vous prenez le risque de quitter le bon niveau de langage. C'est ainsi qu'on bascule souvent dans ces textes, à l'intérieur d'une même phrase, du registre de la langue orale vers celui de la tragédie classique ou du romantisme, jusqu'à provoquer un raz-de-marée de mots par trop disparates.
Le petit joueur de flûteau
Menait la musique au château.
Pour la grâce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason.
Et comme à son habitude, l'ami Georges BRASSENS, après avoir posé en un simple quatrain le décor de sa chanson, déroule tout le chapelet des possibles en découlant.
Cette construction, coutumière, donne une chanson pleine d'élégance, illustrant la moralité sans faille du "brave petit musicien".
Les couples d'opposés (musicien/roi, flûteau/blason) sont particulièrement bien trouvés, et placent la scène dans le champ du conte, la dégageant de toute la gravité qui serait de mauvais aloi s'agissant d'un saltimbanque.