Les textes des rappeurs français laissent une impression générale de grandiloquence, et parfois jusqu'à l'enflure. Il semble que cela provienne de leur mauvaise habitude de recourir en permanence à l'allitération et à la rime. Cette ressource quasi-obsessionnelle présente en effet l'inconvénient de restreindre à l'excès le vocabulaire utilisé, au point de faire sauter les barrières des registres du langage. Lorsque, par souci de la rime ou de la répétition des sons, vous ne pouvez plus désigner un objet que par un mot, vous perdez votre liberté créatrice, et vous prenez le risque de quitter le bon niveau de langage. C'est ainsi qu'on bascule souvent dans ces textes, à l'intérieur d'une même phrase, du registre de la langue orale vers celui de la tragédie classique ou du romantisme, jusqu'à provoquer un raz-de-marée de mots par trop disparates.