... le goût de l'herbe, le plongeon entre les cuisses d'un livre vont disparaître aussi
certainement que les glaces de Norvège, les névés, les Néva...
Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001
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... le goût de l'herbe, le plongeon entre les cuisses d'un livre vont disparaître aussi
certainement que les glaces de Norvège, les névés, les Néva...
Guy GOFFETTE, Un manteau de fortune, Poésie-Gallimard, 2001
concerto
pour violon
virtuose
pluie
de cordes
obsédantes
Et c'est encore plus vrai pour la poésie ; car les autres arts, en vertu des moyens ou médiums bornés qu'emploient leurs présentations, ont bien une sphère déterminée que l'on peut, jusqu'à un certain point mesurer. Mais le médium utilisé par la poésie est justement celui par mequel l'esprit humain accède en général à la conscience et obtient la maîtrise de ses représentations pour les relier et les exprimer à son gré : le langage. C'est aussi la raison pour laquelle la poésie n'est pas liée à des objets mais se crée les siens ; elle est le plus englobant de tous les arts et pour ainsi dire l'esprit universel omniprésent en eux.
August Wilhelm SCHLEGEL, in Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2020.
Non, je suis las des pierres.
Mes mains ont tenu les pierres les plus sublimes... Oh, lassitude ! Fatigue !
Le minéral m'ennuie. Du vivant ! Et si pas du vivant : de l'art !
Assez de cela !
Pendant des siècles nous nous sommes réjouis de l'eau solide, de ces gouttes sublimes que nous accrochions à nos cheveux et glissions à nos doigts...
Serge REZVANI, Isola piccola, Actes Sud, 1994
Dieu comme l'air est doux au toucher
Comme la lumière est bonne à voir
Et comme elle m'enveloppe
Tendrement, impitoyablement
La nuit -
Non, non n'étanchez jamais la soif
de porter l'obscur vers plus de lumière
d'y voir, d'y toucher d'y entendre mieux,
laissez-moi ouverte à jamais la porte
où respirent ensemble dedans et dehors -
et qu'y a-t-il de plus clair pour l'esprit
que de s'ouvrir sur l'inimaginable
que tout ce que j'ignore et le peu que
je comprends soient un et innombrable
que sans tous ces corps et herbes bougés
par la même montée de sèves
de vents de lueurs dans l'œil, dans la main
je n'aurais jamais rien pensé -
ni senti le jasmin dans la nuit.
Lorand GASPAR, Patmos et autres poèmes, NRF Gallimard, 2001