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Sur du vent

  • Sandra MOUSSEMPÈS et la PRINCESSE

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    Princesse déniée

    lapidée sur la neige

     

              la trace

         de nos idées noires

     

    Sandra MOUSSEMPÈS, Sauvons l'ennemie, Flammarion, 2025

     

     

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  • André BRETON et l'ANALOGIE

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    Je n'ai jamais éprouvé le plaisir intellectuel que sur le plan analogique. Pour moi la seule évidence au monde est commandée par le rapport spontané, extra-lucide, insolent qui s'établit, dans certaines conditions, entre telle chose et telle autre, que le sens commun retiendrait de confronter. Aussi vrai que le mot le plus haïssable me paraît être le mot donc, avec tout ce qu'il entraîne de vanité et de délectation morose, j'aime éperdument tout ce qui, rompant d'aventure le fil de la pensée discursive, part soudain en fusée illuminant une vie de relations autrement féconde, dont tout indique que les hommes des premiers âges eurent le secret.

     

    André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

     

     

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  • La POÉSIE selon Percy BYSSHE SHELLEY

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    "L'esprit est à soi-même sa propre demeure, il peut faire en soi un Ciel de l'Enfer, un Enfer du Ciel" (Milton, Le Paradis perdu.) Mais la poésie triomphe de la malédiction qui nous condamne à être soumis au hasard des impressions qui nous entourent. Soit qu'elle déroule son rideau figuré, soit qu'elle retire le sombre voile de la vie du devant de la scène des choses, elle crée également pour nous un être au sein de notre être. Elle fait de nous les habitants d'un monde à l'égard duquel le monde familier est un chaos. Elle reproduit l'univers commun dont nous faisons partie et que nous percevons, et elle débarrasse notre vue intérieure de la couche de familiarité qui nous empêche de nous émerveiller de ce que nous sommes. Elle nous contraint à sentir ce que nous percevons et à imaginer ce que nous connaissons. Elle crée à neuf l'univers, une fois qu'il a été anéanti dans nos esprits à cause du retour d'impressions émoussées par la répétition. Elle justifie le mot audacieux et exact du Tasse : "non merita nome di creatore, se non Iddio ed il Poeta." (Personne ne mérite le nom de créateur, sinon Dieu et le Poète.)

     

    Percy BYSSHE SHELLEY, Défense de la poésie, 1822, in Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2020

     

     

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  • André BRETON CORPS et ÂME

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    Le corps que j'habite comme une hutte et à forfait déteste l'âme que j'avais et qui surnage au loin. C'est l'heure d'en finir avec cette fameuse dualité qu'on m'a tant reprochée. Fini le temps où des yeux sans lumière et sans bagues puisaient le trouble dans les mares de la couleur. Il n'y a plus ni rouge ni bleu. Le rouge-bleu unanime s'efface à son tour comme un rouge-gorge dans les haies de l'inattention.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • André BRETON A DORMI

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    J'ai donc dormi j'ai donc passé les gants de mousse

    Dans l'angle je commence à voir briller la mauvaise commode qui s'appelle hier

    Il y a de ces meubles embarrassants dont le véritable office est de cacher des issues

     

    André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

     

     

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  • André BRETON à la FENÊTRE

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    Quand les fenêtres comme l'œil du chacal et le désir percent l'aurore, des treuils de soie me hissent sur les passerelles de la banlieue.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • La NAISSANCE selon Jean-Louis GIOVANNONI

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    Il suffit qu'une chose naisse

    pour que son corps

    la sépare à jamais.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'en elle

    elle ne puisse plus se rejoindre.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'elle ne sache plus être présente

    à elle-même.

     

    Jean-Louis GIOVANNONI, Choix de poèmes, Unes, 2024

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : SURRÉALISME et RELIGIONS

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    ... c'est sans doute à partir d'expériences analogues à celles qu'invoque le surréalisme que les religions se sont formées, en donnant comme corrélatif à la conscience, qui vivait ces expériences un dogme affirmé et déterminé, ou, plus simplement, quelque vérité définissable sur le plan de l'objet, à laquelle, désormais, il fallait croire. Ainsi cet Autre, vers lequel la conscience de l'homme se dirige par essence, est toujours réduit au langage : il devient un autre monde. Le surréalisme veut conserver l'essence de la conscience religieuse en refusant ce qu'il considère comme son aliénation.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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