
Vous êtes toujours libres de claquer les portières de vos paupières pour d'autres voyages.
Annie LE BRUN, Ombre pour ombre, Gallimard, 2004
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vous êtes toujours libres de claquer les portières de vos paupières pour d'autres voyages.
Annie LE BRUN, Ombre pour ombre, Gallimard, 2004

Nous, qui avons tellement d'espace et si peu de temps, nous nous ferons nomades.
Annie LE BRUN, Ombre pour ombre, Gallimard, 2004

Chaque bois de pins est comme un sanatorium naturel, aussi un salon de musique... une chambre, une vaste cathédrale de méditation (une cathédrale sans chaire, par bonheur) ouverte à tous les vents, mais par tant de portes que c'est comme si elles étaient fermées. Car ils y hésitent.
Francis PONGE, La rage de l'expression, Gallimard, 1976

Les draps du jour nous ont jetés dans les assourdissantes citernes bleues des odeurs.
Annie LE BRUN, Ombre pour ombre, Gallimard, 2004

Le poète (est un moraliste qui) dissocie les qualités de l'objet puis les recompose, comme le peintre dissocie les couleurs, la lumière et les recompose dans sa toile.
Francis PONGE, La rage de l'expression, Mermod, 1952

Princesse déniée
lapidée sur la neige
la trace
de nos idées noires
Sandra MOUSSEMPÈS, Sauvons l'ennemie, Flammarion, 2025

Je n'ai jamais éprouvé le plaisir intellectuel que sur le plan analogique. Pour moi la seule évidence au monde est commandée par le rapport spontané, extra-lucide, insolent qui s'établit, dans certaines conditions, entre telle chose et telle autre, que le sens commun retiendrait de confronter. Aussi vrai que le mot le plus haïssable me paraît être le mot donc, avec tout ce qu'il entraîne de vanité et de délectation morose, j'aime éperdument tout ce qui, rompant d'aventure le fil de la pensée discursive, part soudain en fusée illuminant une vie de relations autrement féconde, dont tout indique que les hommes des premiers âges eurent le secret.
André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

"L'esprit est à soi-même sa propre demeure, il peut faire en soi un Ciel de l'Enfer, un Enfer du Ciel" (Milton, Le Paradis perdu.) Mais la poésie triomphe de la malédiction qui nous condamne à être soumis au hasard des impressions qui nous entourent. Soit qu'elle déroule son rideau figuré, soit qu'elle retire le sombre voile de la vie du devant de la scène des choses, elle crée également pour nous un être au sein de notre être. Elle fait de nous les habitants d'un monde à l'égard duquel le monde familier est un chaos. Elle reproduit l'univers commun dont nous faisons partie et que nous percevons, et elle débarrasse notre vue intérieure de la couche de familiarité qui nous empêche de nous émerveiller de ce que nous sommes. Elle nous contraint à sentir ce que nous percevons et à imaginer ce que nous connaissons. Elle crée à neuf l'univers, une fois qu'il a été anéanti dans nos esprits à cause du retour d'impressions émoussées par la répétition. Elle justifie le mot audacieux et exact du Tasse : "non merita nome di creatore, se non Iddio ed il Poeta." (Personne ne mérite le nom de créateur, sinon Dieu et le Poète.)
Percy BYSSHE SHELLEY, Défense de la poésie, 1822, in Habiter poétiquement le monde, Poesis, 2020