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Sur du vent

  • André BRETON CORPS et ÂME

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    Le corps que j'habite comme une hutte et à forfait déteste l'âme que j'avais et qui surnage au loin. C'est l'heure d'en finir avec cette fameuse dualité qu'on m'a tant reprochée. Fini le temps où des yeux sans lumière et sans bagues puisaient le trouble dans les mares de la couleur. Il n'y a plus ni rouge ni bleu. Le rouge-bleu unanime s'efface à son tour comme un rouge-gorge dans les haies de l'inattention.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • André BRETON A DORMI

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    J'ai donc dormi j'ai donc passé les gants de mousse

    Dans l'angle je commence à voir briller la mauvaise commode qui s'appelle hier

    Il y a de ces meubles embarrassants dont le véritable office est de cacher des issues

     

    André BRETON, Signe ascendant, Gallimard, 1949

     

     

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  • André BRETON à la FENÊTRE

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    Quand les fenêtres comme l'œil du chacal et le désir percent l'aurore, des treuils de soie me hissent sur les passerelles de la banlieue.

     

    André BRETON, Clair de terre, Gallimard, 1966

     

     

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  • La NAISSANCE selon Jean-Louis GIOVANNONI

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    Il suffit qu'une chose naisse

    pour que son corps

    la sépare à jamais.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'en elle

    elle ne puisse plus se rejoindre.

     

    Il suffit qu'une chose naisse

    pour qu'elle ne sache plus être présente

    à elle-même.

     

    Jean-Louis GIOVANNONI, Choix de poèmes, Unes, 2024

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : SURRÉALISME et RELIGIONS

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    ... c'est sans doute à partir d'expériences analogues à celles qu'invoque le surréalisme que les religions se sont formées, en donnant comme corrélatif à la conscience, qui vivait ces expériences un dogme affirmé et déterminé, ou, plus simplement, quelque vérité définissable sur le plan de l'objet, à laquelle, désormais, il fallait croire. Ainsi cet Autre, vers lequel la conscience de l'homme se dirige par essence, est toujours réduit au langage : il devient un autre monde. Le surréalisme veut conserver l'essence de la conscience religieuse en refusant ce qu'il considère comme son aliénation.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • La POÉSIE selon Ferdinand ALQUIÉ

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    ... la poésie dit tout, ou, si l'on veut, ne dit rien ; ce qui est certain c'est qu'elle ne se contente pas de dire dire quelque chose, dire quelque chose étant toujours parler selon l'objet, et donc quitter le niveau de la réalité humaine une et totale. Donner un sens intellectuel aux paroles d'un poète, c'est abandonner l'authenticité pour le discours, l'être pour l'objet, le certain pour le probable. La poésie, et la métaphysique critique dont nous croyons qu'elle retrouve l'objet, ne peuvent mentir. Elles disent l'Être, et l'homme, dans la mesure où elles refusent le langage objectif et, avec lui, toute hypothèse et toute aliénation.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • Ferdinand ALQUIÉ : SURRÉALISTES et MÉTAPHYSIQUE

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    Encore est-il que, parmi les poètes, les surréalistes paraissent les plus proches de la métaphysique. Plus exactement, ils révèlent que, mise à part la métaphysique, la poésie est pour l'homme le chemin qui conduit le plus près de la vérité, pourvu que son langage demeure scrupuleusement fidèle à la vérité de l'homme.

     

    Ferdinand ALQUIÉ, Philosophie du surréalisme, Flammarion, 1955

     

     

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  • Les POÈTES selon Ewa LIPSKA

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    Je vous aime bien m'écrit un poète de vingt ans.

    Charpentier débutant des mots.

     

    Sa lettre sent la sciure de bois.

    Sa muse dort encore dans le bois de rose.

     

    Dans la scierie littéraire retentit un bruit ambitieux.

    Les apprentis recouvrent de placage la langue crédule.

     

    Ils taillent de timides contre-plaqués de phrases.

    Sculptées par le rabot du haïku.

     

    Les problèmes commencent

    avec l'écharde enfoncée dans la mémoire.

     

    Difficile de l'extraire

    encore plus difficile de la décrire.

     

    Des copeaux volent. Trognons d'anges.

    De la poussière jusqu'au ciel.

     

    Ewa LIPSKA, Moi Ailleurs l'écharde, traduit du polonais, Grèges, 2008

     

     

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