Hêtre commun : dernière étape avant "président normal".
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Hêtre commun : dernière étape avant "président normal".
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Ils veulent bien que je les prenne
en photo. C'est du noir et blanc,
on ne verra pas le violet
sombre du tee-shirt de Marianne.
Comme je pars, il me rejoint,
écrit pour moi l'adresse d'elle.
Si la photo n'est pas ratée,
je la leur enverrai, promis !
et ces mots avec, puisque je
les ai aussi pris en poème.
Philippe LONGCHAMP, La ville du jardin des latitudes, Le Dé Bleu, 2004.
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quand la nacelle est au sommet,
on ne doit faire que des gestes
très doux, très mesurés, sinon
la mince architecture oscille
beaucoup, c'est plutôt dangereux,
et travailler est impossible.
J'imagine un ballet lunaire,
un ralenti de cinéma
pour deux hommes en salopette,
qui se repassent les outils
dans des mouvements de danseuse,
des arrondis de courtisan
fisant révérence à la Reine,
afin de serrer trois boulons,
remplacer un joint de plastique,
souder un onglet, en plein ciel,
à hauteur d'un sixième étage,
au bout d'un doigt de métal bleu.
Philippe LONGCHAMP, La ville du jardin des latitudes, Le Dé Bleu, 2004.
Préparatifs de voyage
...
Je rentre à peine des États-Unis et de France, de Suède aussi.
À la télévision chez eux, on rit. Les gens s'amusent.
De nos jours d'ailleurs ils semblent étranges, tous, jeunes et beaux.
Il n'y avait rien de tel dans ma jeunesse. Nous boitions.
...Pentti HOLAPPA, N'aie pas peur, NRF-Poésie Gallimard, 1997 (trad. Gabriel Rebourcet)
C'est que, de nos jours, le roi rit. Un temps reviendra où le roi boite.
sondage, n.m. : résidu grossier de l'époque, enveloppe du temps. Etymologie son d'âge non attestée. Le sondage, autrefois délaissé, est aujourd'hui très prisé pour ses qualités nutritives (notamment dans le secteur de la presse). Il est également d'un usage facile pour rouler dans la farine.
Locution proverbiale : faire l'âne pour avoir de bons sondages.
Encore un poème de saison : pour le nuage, l'épaisse nuit et la frangipane...
Ainsi, ce chemin de nuage,
vous ne le prendrez point,
d’où j’ai vu me sourire au loin
votre brillant mirage ?
Le soir d’or sur les étangs bleus
d’une étrange savane,
où pleut la fleur de frangipane,
n’éblouira vos yeux ;
ni les feux de la luciole
dans cette épaisse nuit
que tout à coup perce l’ennui
d’un tigre qui miaule.
Paul-Jean TOULET, Contrerimes, 1920.
Pour entamer l'année, un texte en forme de mode d'emploi pour poète :
La plupart du temps
je me tais et j'écoute
je surprends des phrases simples
Elles servent à ramener
et à hisser une chose qui grince
avec la poulie du soleil
Après cela
je réfléchis à cette langue
et à cette corde
que l'on abandonne
et que l'on peut reprendre
à tout moment
Je pense à leur utilité
tressée par la banalité
ou l'émerveillement
à leur façon de faire grincer
l'habitude du monde.
Christian VIGUIÉ, Revue ARPA n° 102.
Ou en forme de voeux :
que 2012 soit une année de simplicité, d'écoute et d'émerveillement,
une année sans grincement qui ne soit touché par le soleil.
Les vacances et la tradition des étrennes font de ce poème un texte de saison :
Le pompiste
Avec mon bel
Uniforme et
Sur le coeur mon
Insigne, avec
Aussi l'enseigne
Jour et nuit cli-
Gnotant, jetant
Sur l'alentour
Jets de lumière
Sur jets de feux
Et avec en vente
Libre briquets
Et allumettes
J'aurais pu être
Ce que maman
Jamais que je
Devinse ne
voulut : pompier
Jan BAETENS, Cent fois sur le métier, Les impressions nouvelles, 2008.