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4, marbre
Nulle hallucination et nul acousmate à mes parages réfractaires à l'échauffement où ces machineries comme détraquées me restent transparentes. Rien à attendre de lèvres sculptées pour l'éternité ni d'ailes pesant leur marbre, rien de ces illusoires étoffes, résidus végétaux prisonniers de la toile, poussière magnifiée par le hasard des lueurs d'une aube.
3, nouvelle
Du côté jardin, un rameau l'atteste et parfois une colombe, sur plusieurs colonnes l'ange se profile pour la nouvelle, devant un visage plus vierge que ces pages où la scène semble déjà écrite, et sur cette perspective carrelée, diagonale, une paire d'ailes diaphanes n'a pour pendant qu'une alcôve ceinte de voiles où toute idée de sexe restera mise en échec.
2, messages
Apparition flûtée, chuchotée, la musique étrange des sphères se faufile à travers anches, voie tracée à travers branches, messages ventés en vols de mésanges, dangers signifiés de nuées sombres à l'oreille, mais par qui ? Qui à l'autre bout de ces orgues souffle sa prophétie, inspire ses lumières de derrière le vitrail, qui pour gardien du troupeau des rêves ?
1, nuages
Sans sexe pour tout dire - le prix pour mieux dire ? -, les anges les fesses dans les nuages, cumulus joufflus, prêtes à frémir aux zéphyrs les plus subtils, puis nubiles à leur façon oblique, équivoque, mi-valet de tarot et mi-sirène de nocturnes, instillent leur voix, annoncent la couleur du temps qui vient, soufflent le coup qu'il faut jouer.
France Info 23/3/19 10:29
Si c'était mieux avant
le pire est à venir
et le présent n'est plus qu'un cadeau
qui précéde la tempête
Le ciel peut donc attendre
Et demain encore
l'ambiance sera plus chargée qu'aujourd'hui
remettra le couvert
et pleine
donnera le jour à une sorte de nuit
plaquant ses volets de bois
l'un sous l'azur
et l'autre devant l'horizon
casser la croûte
du pain
quotidien
du jour
long
qui dit
et redit
contrariés
les amants
du véronal
l'histoire finit mal
en général
Qui saura explorer l'incroyable promotion dont les Grecs ont gratifié la voyelle ? Toutes les écritures du Moyen-Orient sont consonantiques : elles impliquent une architecture de la langue fondée quasi anatomiquement sur l'ossature des sons, un sémantisme radical qui permet de "deviner" le mot à travers la simple projection de son essence familiale. Avec les Grecs, semble-t-il, on passe à un autre corps ; ce n'est plus le corps osseux, fondamental, et, si l'on peut dire, le corps "bruité" (les consonnes ne sont que des "bruits"), c'est le corps charnu, muqueux, liquide, le corps musical.
Roland BARTHES, Variations sur l'écriture, Seuil, 1994