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Déphasages

  • LANGUE

    herbe,chat,ardoise,

     

    Les lignes du papier ni le tracé des lettres ne pourront contenir la langue, qui glisse sur le papier
    librement comme les sons dans l'air sans relief ou les images dans la soie des esprits en partance
    Un mot peut être exact, la langue jamais, qui charrie tout le limon nécessaire à en brouiller le génie
    sous l'apparence de musique réglée où se rangent les lettres, le plomb laissant aux pieds toute liberté
    La grammaire donne la justesse à la langue, qui  l'étend en tous sens, jusqu'aux danses et aux transes de la folie
    et les sons se départissent des barreaux de la portée, s'affranchissent de leurs racines et volent en symboles
    débarrassée du squelette de ses lettres, à tire d'aile la langue s'éploie toute de nerfs et de muscles
    toutes les piles de tous les ponts du mot sont sapés pour que filent en silence des idées flottées
    On pourrait s'imaginer la langue, lumineuse et ailée, triomphante des vents malgré un équilibre précaire 
    pensée aérienne, mais qui se répandrait en vain, si délestée de la pierre de ses lettres et du bois de ses sons
    Il faut qu'une aïeule lègue sa maison riche de mémoire à la langue, que cette grammaire permette la génération 
    assure la lignée, la succession des œuvres des hommes, les magistrales comme les intimes, et accouche une culture

     

     

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  • TRÉSOR

    fleur,rouge,jaune,

     

    Enfants, d'aventureux marins nous tirent dans le sillage de leur convoitise, noyant nos yeux dans la vision d'un trésor
    coups de bêche et montée d'escaliers étincellent du désir de la découverte d'un coffre
    et que serait le comble de l'ivresse, une île cachant un trésor ou l'inverse ? et où la croix de ce Sud ?
    Convoitise de l'étoile, de tout temps préférée à son absence, enterrée sous l'accumulation des sables
    rien n'est entrevu contre la mauvaise fortune, que le trésor qu'ont espéré nos aïeux et que guignent aussi nos voisins
    et les doigts et le cou s'épaississent de l'alcool de ces bijoux mais leur découverte ne desaltérera pas
    plus que la convoitise qui répand en vain la salive autour du trésor perdu de la parole et du baiser
    Captif des marées et du ciel immense qui bordent cette île, on néglige la facile moisson de leur or
    trompé peut-être par ce que semble contenir le mot trésor d'abondance et de métal précieux
    de scintillement gagné par la force de la convoitise, par l'étouffement de la seule découverte qui vaille
    il faut savoir accepter l'évanouissement du trésor, pour peu que subsiste la fortune d'une vie vécue
    la richesse d'avoir accompli la promesse chuchotée sur le moïse dans le secret du firmament

     

     

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  • ANGE

    chemin,dalles,jardin,

     

    Malgré les limites du cadre, un ange se tient dans toute la distance de sa verticalité transparente
    son sourire invisible et silencieux, mais s'ouvre un dialogue voué à l'infini, des souvenirs comme des horizons
    les voix sont égales de grâce et l'ange, sans plus de soupçon de vanité, se hisse à hauteur d'homme
    et pour cela renonce à ses ailes qui vicieraient la réalité du monde, fausseraient la distance entre les âmes
    Un effleurement perpétuel serait la douleur de l'ange, comme une voix étrangère qui parlerait par sa voix
    en délivrant du haut vers le bas un message définitif sans les irisations incertaines du dialogue
    Quelques mots de l'ange, glissés sur son regard d'azur et d'un geste économe, voilà sa distance
    voilà la justesse de cordes et de vents qui semblent demander grâce et dont il est le gardien
    quand, bien que toute de pétales, son empreinte demeure, et que personne ne songe à dire un ange passe
    puisque toute gêne est à distance, le dialogue est d'or, et Dieu lui-même acquiesce à cette paix
    Puis bientôt comme par vengeance, attribut éternel du fils d'Adam, le fardeau de la douleur s'abat sur l'ange
    et l'on parle de chute, évoquant à la fois le fleuve qui se rompt et la fin ironique d'une histoire

     

     

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  • NEIGE

    branche,neige,

     

    Ange déjà, un Fuji-Yama veillait sur ce repas et, la neige survenue, les baguettes frétillaient
    comme une conversation hors de prise de l'hiver et toutes ses menaces de glace
    C'est le propre de la neige de se masquer de miracle, malgré l'annonce faite au calendrier
    alors que, froid, le repas invite à l'indigence et même au deuil
    Funambule, chacun croit l'être, foulant l'insouciance de la neige
    et la conversation peut dérouler son fil, sans redouter le blanc
    d'une neige à saveur de cendre, qui tirerait vers la terre un repas abondant de zénith
    Elle peut à la fois napper de ses courbes le fer des consonnes et dévêtir midi de son miracle
    et maintenant, tout oxyde pelé, la chair de la pomme fait entendre la neige en ses couplets
    la conversation devient le repas, comme on mangerait d'un arbre élevé au milieu du silence
    fût unique et suffisant pour ce funambule les bras en cercle et aux semelles de neige
    dans un halo de lumière bleue, d'outrepasser le sans couleur de murs sans distance

     

     

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