L'enfance vient nous voir
À travers nos visages
Matthieu GOSZTOLA, La face de l'animal, Editions de l'Atlantique, 2011
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L'enfance vient nous voir
À travers nos visages
Matthieu GOSZTOLA, La face de l'animal, Editions de l'Atlantique, 2011
Couvre le souvenir de ton visage avec le masque de celle que tu seras et effraie l'enfant que tu as été.
Alejandra PIZARNIK, Œuvre poétique, Actes Sud, trad. Claude Couffon, 2005
Tels que nous sommes
Avant que l'univers ne nous habite,
Nous habitions l'univers.
La parole trouve en nous son unique paysage
Le silence déborde de songes à venir.
Entre l'instant vécu et l'instant à vivre,
S'inscrit notre visage éternel.
Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983
Le gel
On a mis la couleur du gel sur ton visage
Cette vie dont tu ne gardes plus mémoire
Danse aux portes de ta maison
Tes mains
Faites de mort et de patience
Vidées du sang qui jaillirait du bris des vitres
N'y peuvent plus rien.
Andrée CHEDID, Textes pour un poème, Flammarion, 1983
Ombrageux, l'âge noir et blanc de mes parents grise les couleurs de mon âge adulte et mon visage entre ces angles droits reste plat, agrafé et tamponné pour toujours à ce permis de me conduire si rose qu'il permet si peu. D'outre-tombe, la tutelle est plus serrée qu'une ceinture de sécurité et ces aigreurs de préfecture sont plus sèches qu'un freinage à la main.
Mon visage reste plat.
Comme fées sur le berceau, une galerie d'ancêtres non miens, devant ma table épinglés, m'aiguillonnerait, chacun m'enverrait à admirer et envier le paysage de son visage au format carte postale mais ensoleillant l'au-delà du cadre jusqu'à mon bas monde resté dans le gris. En portraits chinois, ils me définiraient par tout ce que je n'ai su être, pourvu pourtant des mêmes sens et tenu entre les mêmes horizons.
En portraits chinois.
ovale
et jaune
du visage
les yeux noirs
et bridés
la forme d'une cité
interdite
à l'ombre
sans encore de loup
mon visage
mordu
par la seule petite chienne