Qu'allons-nous devenir
Sur cette pente autrefois imprévisible
Et qui coup à coup
Se décharne
Jean-Marie BARNAUD, Sous l'imperturbable clarté - Choix de poèmes 1983-2014, Gallimard, 2019
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Qu'allons-nous devenir
Sur cette pente autrefois imprévisible
Et qui coup à coup
Se décharne
Jean-Marie BARNAUD, Sous l'imperturbable clarté - Choix de poèmes 1983-2014, Gallimard, 2019
conjugaison
à apprendre
par cœur
s'y inscrit la mort
du cœur
Je monterai sur la montagne, sur la Dôle,
je la trouverai, cette fleur,
que pour me délivrer de ta trop belle épaule
offre la terre à ma douleur.
...
Jacques AUDIBERTI, Ange aux entrailles, Gallimard, 1964
Moins tenté par les objets à posséder que par les sentiers à emprunter, les ruelles où me perdre, à quoi renoncer dérobé à moi-même par de mensongères antipodes, il me faut tourner le dos à une dérive estimée à l'étalon d'un rêve, quels visages à ce carrefour, quel paysage après ce méandre ? Plus frustré de passages que de passantes encore que tous baignent aux larmes de la même nostalgie.
Frustré de passages.
Sur la terre ferme les hommes reviennent aux prières,
aux rectangles de tissu pour s'incliner vers l'orient.
Elles sont belles les plantes de pieds déchaussés qui prient
leur voix est le bruit des abeilles qui remercient les fleurs.
...
Erri DE LUCA, Aller simple, Gallimard, 2012, trad. D.Valin
Longs tissus de la seule Afrique d'un bleu nuit d'équinoxe, les dos de ces hommes grands semblent s'affairer magiquement sur ma personne
en dehors pourtant du faisceau de leur oraison, sur le centre de mon corps mais c'est l'esprit qu'ils visent
leurs toques ornées de figures exactes, ils s'efforcent de me soigner par le murmure de leurs marteaux pour aplanir l'encre
qui m'écrit dans un fleuve si lointain qu'il se dit noir en latin, avec des cingles qui tournent au gothique
dont le cours est encombré du mensonge des magazines avec tous les oripeaux des demeures passées
Ils fouetteront mon sang, indifférent au son de la flûte, des seules ondulations de leurs épaules, d'un mouvement de sourcil épicé
...
Non loin de Manaus,
le Rio Negro se jette dans l'Amazone,
masse noire submergeant les eaux du grand fleuve.
Un choc, plus qu'un partage,
une ruée passionnelle lancée comme une charge
sans passé, sans projet, sinon l'étreinte.
Mes eaux sombres dans ton corps lisse,
coulée violente qui s'incruste, marque la chair.
L'emporter ou disparaître.
Noces sauvages où se mêlent le tien et le mien
dans l'ardeur de ce qui ne peut durer.
Élan fait pour se dissoudre, mais dont l'écho perdure.
Longtemps après, le souffle reprend son cours,
fleuve solitaire à nouveau.
Ainsi de certaines rencontres rares.
Gérard CHALIAND, Cavalier seul, Éditions de l'aube, 2014