Été
Saison brûlée
saison du participe passé
qui nourrit sa mélancolie de son nom
Temps du sable en repos
du calendrier retourné
au mur jauni de la cuisine
avec déjà Noël pour horizon
-
-
Aux VITRES du TRAIN
Un crachin aux vitres du train
vêt d'un buvard le paysage
le capte hasardeux polaroid
d'où les couleurs échappent
avant un assoupissement
d'entre les tournesols
voûtés sur un hiver intérieur
Aux sursauts de cinéma burlesque
l'on retrouve bonne saison
le temps qu'à nouveau se fige
en instants insouhaités
et de limites floues
l'étrangère campagne traversée
-
Claude HAGÈGE et la PLUIE
Il pleut, certes... Les journaux ne parlent que de ça.
Mais qui est-il ?
Personne, selon Claude HAGÈGE et son Dictionnaire amoureux des langues qui, par ces traductions littérales, montre que la pluie sait très bien tomber toute seule :
- russe : "pluie va"
- hongrois : "tombe la tombante"
- hébreu : "est tombée pluie"
- turc : "pluie est en train de pleuvoir"
- albanais : "tombe pluie"
- chinois : "tombe pluie"
- japonais : "pluie tombe"
Moralité : si les campeurs souffrent, c'est la faute à personne !
-
Christian BOBIN et le FACTEUR MERLE
Vous les animaux, vous avez une singulière façon de voir - par vos nerfs, vos muscles, vos dos, autant que par vos yeux. Tu venais d'atterrir de l'autre côté de la vitre, sur l'herbe verte du pré. Noir sur vert, et cette pâte orangée de ton bec, lumineuse comme une lampe Émile Gallé. Tiens, me suis-je dit en te voyant : du courrier. Un mot du ciel qui n'oublie pas ses égarés. Tu es resté dix secondes devant la fenêtre. C'était plus qu'il n'en fallait. Dieu faisait sa page d'écriture, une goutte d'encre noire tombait sur le pré.
Christian BOBIN, L'impossible n° 5