sous la loi d'une transhumance éternelle
point du jour et nuit des temps
dans le livre confondus
de droite à gauche
en hébreu
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sous la loi d'une transhumance éternelle
point du jour et nuit des temps
dans le livre confondus
de droite à gauche
en hébreu
Il est des choses que l'on peut écrire même en cabriolet; d'autres demandent le lit, le loisir, la solitude (72ème lettre à Lucilius).
Il semble que pour les contemporains de SENEQUE, le travail, exercé la nuit, ne pouvait qu'en être meilleur. Le lit, éclairé par un flambeau (lucubrum), en garantissait le sérieux.
Il en est encore de même aujourd'hui, puisque les écrits conçus hors de cette lueur protectrice sont qualifiés d'élucubrations.
Devant ma porte
un paquet de cigarettes
Fortuna
De grâce, enseigne-moi l'art de trouver la rime;
Ou, puisque enfin tes soins y seraient superflus,
Molière, enseigne-moi l'art de ne rimer plus,
BOILEAU a bien raison de prier qu'on lui accorde l'art de la rime ou, mieux encore, celui de renoncer à la rime.
Il est vrai que la rime ajoute un mortel ennui aux vers médiocres; le poète alors est un mauvais mécanicien qui fait entendre le bruit choquant de ses poulies et de ses cordes. C'est VOLTAIRE qui vient d'acquiescer à ce propos.
Voici un siècle que la poésie a fait exploser rimes et métrique. Mais en réalité, cette liberté conquise plonge les poètes - et aussi leurs lecteurs - dans le puits sans fond de tous les possibles. Le cadre de la poésie n'est plus dans sa forme, mais dans l'exigence de sincérité qui pèse sur le poète. Tandis que le règne de la rime se fondait sur une culture commune, admise par tous.
En s'en privant, le poète doit tenter de toucher son lecteur par le seul contenu de son texte, sans faire jouer une connivence avec lui, qui ne reposerait que sur un système de conventions.
Et VOLTAIRE de conclure: Je ne puis souffrir qu'on sacrifie à la richesse de la rime toutes les autres beautés de la poésie.
le héron
tant de ciel
qui ne lui sert pas
Le mot n'apparaît nulle part, dans son recueil Le Jardin des Tempêtes, mais c'est bien un haïku que nous présente ici Yvon LE MEN.
Tout les éléments constitutifs généralement reconnus au haïku y figurent: la disposition sur trois lignes, la captation d'un instant, la réflexion philosophique qui en découle. Et la fameuse césure, qui va nous retenir...
Cette césure est matérialisée par l'interligne, après "le héron". Elle résulte d'un choix du poète, qui aurait pu préférer une rédaction plus conforme à la syntaxe:
tant de ciel
qui ne sert pas
au héron
On voit bien que le résultat manque de relief. Le ressort, que l'on trouvait dans l'original, réside dans le simple fait de nommer successivement les deux personnages du poème. Le poème se compose de deux strophes, dans lesquelles le héron et le ciel ne sont que pointés du doigt, le premier sans qualificatif, et le second avec un qualificatif, mais sans un verbe actif. Leur désignation suffit à décrire la scène, et à traduire l'émotion qu'elle suscite.
En élaguant encore davantage, on n'obtient plus que:
un héron!
ah! le ciel...
La poésie atteint alors son estuaire. Elle se jette dans un océan de spiritualité.
Le petit joueur de flûteau
Menait la musique au château.
Pour la grâce de ses chansons
Le roi lui offrit un blason.
Et comme à son habitude, l'ami Georges BRASSENS, après avoir posé en un simple quatrain le décor de sa chanson, déroule tout le chapelet des possibles en découlant.
Cette construction, coutumière, donne une chanson pleine d'élégance, illustrant la moralité sans faille du "brave petit musicien".
Les couples d'opposés (musicien/roi, flûteau/blason) sont particulièrement bien trouvés, et placent la scène dans le champ du conte, la dégageant de toute la gravité qui serait de mauvais aloi s'agissant d'un saltimbanque.
passé consigné
pesant sur l'étagère
parfois s'égrènent en poussières
les images désuètes
et les adages antiques
du fidèle dictionnaire
sous un arc de pierre
glaives et bâtons
dressés comme des index
les regards blancs et fixes
et les barbes verticales
sous un arc de pierre
vibre muette
la litanie des prophètes