le héron
tant de ciel
qui ne lui sert pas
Le mot n'apparaît nulle part, dans son recueil Le Jardin des Tempêtes, mais c'est bien un haïku que nous présente ici Yvon LE MEN.
Tout les éléments constitutifs généralement reconnus au haïku y figurent: la disposition sur trois lignes, la captation d'un instant, la réflexion philosophique qui en découle. Et la fameuse césure, qui va nous retenir...
Cette césure est matérialisée par l'interligne, après "le héron". Elle résulte d'un choix du poète, qui aurait pu préférer une rédaction plus conforme à la syntaxe:
tant de ciel
qui ne sert pas
au héron
On voit bien que le résultat manque de relief. Le ressort, que l'on trouvait dans l'original, réside dans le simple fait de nommer successivement les deux personnages du poème. Le poème se compose de deux strophes, dans lesquelles le héron et le ciel ne sont que pointés du doigt, le premier sans qualificatif, et le second avec un qualificatif, mais sans un verbe actif. Leur désignation suffit à décrire la scène, et à traduire l'émotion qu'elle suscite.
En élaguant encore davantage, on n'obtient plus que:
un héron!
ah! le ciel...
La poésie atteint alors son estuaire. Elle se jette dans un océan de spiritualité.