contre-jour
silence
silhouette
que l'oiseau
et les ailes
et la tête
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contre-jour
silence
silhouette
que l'oiseau
et les ailes
et la tête
Plutôt le vol de l’oiseau qui passe sans laisser de trace,
que le passage de l’animal, dont l’empreinte reste sur le sol.
L’oiseau passe et oublie, et c’est ainsi qu’il doit en être.
L’animal, là où il a cessé d’être et qui, partant, ne sert à rien,
montre qu’il y fut naguère, ce qui ne sert à rien non plus.
Le souvenir est une trahison envers la Nature,
Parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature.
Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir.
Passe, oiseau, passe, et apprends-moi à passer!
Fernando PESSOA, Le gardeur de troupeau, 1914, Je ne suis personne, Bourgois, 1994
Appétit de lecture
mais d'oiseau
Un livre ouvert
mais sans assez d'air
m'étoufferait
me précipiterait
Dans le souffle des voyelles
plus ferme est l'appui
et dans le blanc de la page
la matière du grain
Grand faim de mots
mais parés du mystère d'un pépiement
nourri de la seule cage des branches
et des nervures
Bec et ongle, mieux que carpe et lapin, paradent et s'épousent dans l'effroi frémissant d'un combat
dans l'alliance d'une nature crochue, prodigue en outils qui déchirent, arrachent et transpercent
Avec agilité l'oiseau trace dans les airs le mensonge d'une vie éthérée, déliée de toute chair
poète chat
poème oiseau
couleurs
à écorcher
chant caché
dans les entrailles
4, appétit
Accroupi, immergé dans les framboisiers comme orpailleur en eaux confuses, et pris de semblables fièvres, d'une canne l'autre mon œil sautille de pépite en pépite sous le compas du soleil, puis index et pouce me font le meilleur bec pour piquer la couleur de chacun de ces instants renouvelés à l'infini de mon appétit.
3, peurs
La balade sera éternelle, dans le vert irlandais, d'un prince déchu gouverné par des peurs en forme d'oiseau, toutes à la fois, gelées, orages, chiens et chats, en travers de sa quête de flaques où téter le cresson de sa survie. Roitelet, étourneau, quel plumage à ce Sweeney, qu'on traite en mauvais augure pour prix d'une mémoire trouble ?
2, voyelles
Même sans un plumage arc-en-ciel, il étire son chant sur tout le spectre des voyelles, et d'une seule sifflante, susurre sur nos têtes les trajectoires courbes de l'aube, du soleil et aussi de la nuit qui se plient à ces inflexions hors les murs. Même la fenêtre ouverte se défait de ses angles pour laisser passer un mai de vocalises, un juin de diphtongues.