Chien et chat, après l'armistice.
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Chien et chat, après l'armistice.
4, trajectoires
Sous la force magnétique des seuils, paradoxal le chien veille, compliqué des trajectoires de la maisonnée, à l'affût des caresses de l'instant, affolants biscuits de survie, ou ferré museau bas par des voies invisibles, ou si tourmente se lève, aveuglé de résonances blanches, ou fidèle à mon pas, souple fougère léchant la présence de toute chose.
3, passage
Combien nu devant la mort l'homme qui choisit le chien, après une vie de chère, pour garder son âme des tourments du prix à payer pour son passage, l'animal pourtant fidèle au seul instant, enchaîné lui-même aux appétits immédiats. Combien fou qui ne craint de s'attarder aux charognes des fossés.
2, anagramme
Chiendent, désordre domestique, et temps de, et malade comme un, et ce féminin, qui porte si bien l'injure et laisse ses bâtards au ruisseau des passés troubles. Pour la réputation du chien, ne reste que l'anagramme, portée fidèlement comme un collier.
1, gueule et crocs
L'aboi de prime abord, tout de gueule et crocs saillants, impressionne la main. Puis passe la crainte, avec la caravane des caresses, qui remonte à flanc de bête jusqu'au sommet du garrot, si près des babines pendantes, tolérant que l'on pactise.
Puisque la preuve a été faite vendredi des vertus prophétiques de l'anagramme, poursuivons :
... dans les cent-dix-neuf façons de disposer d'un c, h, i, e, n, il y a niche, ce qui allie au prodige d'ingéniosité fonctionnelle dont fait preuve cet animal l'agrément d'un caractère facétieux, alors que sur les cent quatre-vingt mille quatre cent quarante façons dont on pourrait tenter de s'accomoder d'un l, i, n, g, u, i, s, t, e, il n'en est pas une qui offre à la pensée ou à l'âme le moindre havre de paix. Comment peut-on être linguiste ?
Stella BARUK, l'Écrit du temps, Minuit, 1982.
- Mignon, n'est-ce pas ? On va l'appeler Cajou.- Cajou ? Impossible : c'est l'année des "H" !
- Ah ! ce n'est pas l'année des "K"… Alors on l'appelera Pistache.
(Cette note portant le numero 800, on a songé sous l'empire de l'exaltation à l'appeler Charlemagne).
On trouve dans le lexique rugbystique cette expression fleurie pour signifier que la défaite est consommée : "la cabane est tombée sur le chien".
Comme le lexique footballistique n'a quant à lui jamais été enrichi par de fins littérateurs, ni même par d'inspirés paysans, je me réfère à Daniel BOULANGER pour traduire la récente déroute des Bleus :
retouche à l'éternité
la rue ne mène à rien
toute couleur s'en est allée
devant une porte fermée
reste l'ombre d'un chienDaniel BOULANGER, L'Esplanade, Grasset, 2010.
BOULANGER a grosso modo trois fois l'âge de RIBERY, ce qui laisse un peu d'espoir aux séniors, quelle que soit la date de leur départ à la retraite.