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  • La NUIT selon Àlvaro MUTIS

    nuit,néon,

     

    Peu nombreux en vérité sont les élus qui se libèrent

    de leurs entraves et s'enfoncent dans la nuit

    avec cette envie passionnée de profiter pleinement du temps

    sans limites que propose la force obscure de ses royaumes

    comme le don d'une aléatoire éternité

    une survie sans garanties mais pourvue cependant

    d'un modeste lot de bifurcations tentatrices

    où le plaisir nous surprend soudain félin et bref

    à l'égal de ce qui est destiné à se perdre aussitôt.

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Àlvaro MUTIS et le GUERRIER

    amsterdam,corps nus,

     

    Le guerrier dort

    seules ses armes veillent.

    L'été ouvre les écluses

    et le sommeil se peuple

    d'imprécises batailles

    ...

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

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  • Àlvaro MUTIS : la PLANTE du POÈME

    forêt,fougères,

     

    Dans un tunnel obscur où se mêlent villes, odeurs, tapis verts, colères et fleuves, pousse la plante du poème. Une feuille sèche et jaune serrée entre les pages d'un livre oublié, tel est le maigre fruit offert.

     

    La poésie remplace,

    le mot remplace,

    l'homme remplace,

    les vents et les eaux remplacent...

    La défaite se répète dans la suite des temps, hélàs irrémédiable !

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Àlvaro MUTIS dans le POÈME

    dune,ciel,nuages,

     

    Attendre le temps du poème c'est tuer le désir, supprimer les ardeurs, se livrer à l'angoisse stérile... et voilà que les mots nous recouvrent de telle sorte que nous ne pouvons voir le meilleur de la bataille, quand le drapeau fleurit sur les moignons sanglants du prince. Éternisez cet instant !

     

    Àlvaro MUTIS, Et comme disait Maqroll el Gaviero, Poésie-Gallimard, trad. F.Maspero

     

     

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  • Serge PEY dans la NUIT

    pierre,yeux,

     

    L'avenir de la mort

    est encore l'avenir

     

    Les hommes ont laissé leur regard

    sur le portemanteau du feu

    et la nuit remplace

    nos yeux

    par nos mains éblouies

     

    Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018

     

     

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  • Serge PEY PAS à VENDRE

    ossip zadkine,les arcs,

     

    Ne jamais payer

    un poème

    comme on ne doit jamais

    payer l'amour

     

    Les yeux

    sont des monnaies

    que l'on donne aux autres

    quand on ne veut pas

    se vendre

     

    Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018

     

     

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  • POÉSIE, RIRE et PEY

    cible,flèche,arc,

     

    La poésie a cela de commun

    avec le calembour

    c'est sa parenté avec le rire

    qu'elle effectue

    Un rire à l'endroit pour l'une

    Un rire à l'envers pour l'autre

    qui ne rit pas

     

    La poésie pourrait-on dire

    remet le rire sur ses pieds

    et en fait un possible

    réalisé

     

    Les combinaisons de mots

    sont de l'ordre de la chimie

    Ils font exploser le monde

     

    La poésie doit rester

    sans imagination

    Voir n'est pas imaginer

    mais trouer le réel

    pour voir le mot

    qu'il nous cache

    mais que nous devons inventer

     

    Serge PEY, Mathématique générale de l'infini, Poésie-Gallimard, 2018

     

     

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