Le critique littéraire Marcel RAYMOND, pour qualifier le poème court, utilisait l'expression "délicate menuiserie".
Un matériau naturel, et quelques outils ancestraux, pour que les éléments qui frotteraient autrement, trouvent à s'épouser sans grincement... Tout est là, en effet.
-
-
TANTALE 2008
Avec janvier sont apparus des pannonceaux à l'entrée des cafés stipulant sobrement "interdiction de
fumer".
Voilà un problème réglé, et on espère à présent que les patrons de ces établissements n'attendront pas l'intervention du législateur pour nous épargner la nuisance que constitue le robinet à chansonnettes qui y dégoutte à perpétuité.
Savourant un 12 ans d'âge, LAURIE ne viendra plus le gâcher d'un parfum de limonade, et débarassé de Laurent VOULZY, on appréciera que le café ne sente plus le sirop de grenadine...
Si encore on nous servait du BREL pour accompagner la Gueuze! -
VIVE LE VERS... LIBRE!
Tristan DEREME, à l'issue d'un de ses poèmes, fait intervenir en prose un M.DECALANDRE pour mettre en avant les mérites stylistiques de son créateur.
Outre l'équivoque du procédé - un personnage louant l'auteur à qui il doit son peu de vie -, on émettra des réserves sur son commentaire.
Ce M.DECALANDRE en effet conclut que le vers suppose la contrainte, d'une formule définitive: "il n'est pas de poésie sans une règle, et... l'expression vers-libre est synonyme de rond-carré".
Le siècle écoulé nous a heureusement débarassés de ces préjugés.
S'il est vrai que la contrainte peut être un moteur de la création littéraire, il faut admettre qu'elle n'est pas exclusivement stylistique, et qu'elle peut donc se révéler d'autre façon qu'en comptant sur ses doigts, ou en consultant un dictionnaire de rimes.
Le vers libre, comme la Liberté en elle-même pour le citoyen, ne détourne pas l'auteur de ses exigences artistiques, et n'en fait pas un libertaire sans scrupule. -
SUS au TEMPS!
Tristan DEREME, sur le poète:
« c'est un homme en rébellion contre le règne du temps, contre la brièveté de la vie -, et la gloire n'est pas autre chose que cette rébellion - si elle triomphe ». -
Eloge de la CONTRE-RIME
Sur le modèle des contre-rimes, voici deux strophes extraites de Pipes, de Jean PELLERIN:
Aux étangs morts, l'automne las
Boit dans ses mains noircies...
La cloche abandonne son glas
Aux brumes épaissies
-
Le premier frisson du matin,
Une cloche qui tinte.
Le songe est mort. Le feu s'éteint.
La lampe s'est éteinte.
-
Les images sont évocatrices, mais il y manque un peu de la malice de son devancier, Paul-Jean TOULET, qui avait eu l'idée de décaler l'alternance des rimes de celle des octo-syllabes avec les hexa-syllabes.
Le chef de file des Fantaisistes ajoutait ainsi un balancement supplémentaire dans le rythme de ses quatrains, riche de... fantaisie!
Avril, dont l'odeur nous augure
Le renaissant plaisir,
Tu découvres de mon désir
La secrète figure. -
Le JOURNAL d'un CONDAMNE à ECRIRE
Dans ses Dernières Paroles du Poète, René DAUMAL tragédise sa vocation d'écrivain:
"Voici donc mon premier et mon dernier poème. Un mot à dire, simple comme d'ouvrir les yeux.
Mais ce mot me mange du ventre à la tête, je voudrais m'ouvrir du ventre à la tête et leur montrer le mot que je renferme". -
VOEUX pour une ANNEE de FANTAISIE
Le groupe des Poètes Fantaisistes n'a pas laissé grand trace en tant qu'école.
D'autant qu'ils n'ont guère rédigé de manifeste pour clarifier leurs conceptions. En contrepartie, ils ne pratiquaient pas l'excommunication, et c'est déjà beaucoup.
Tirons tout de même d'un écrit de Tristan KLINGSOR une invocation qui servira de début de piste:
"Ce n'est pas tant les songes que tu griffonnes
De tes capricieuses bizarreries
Que la vie humble où tu fleuris,
Tour à tour délicate et choisie
ou mirifiquement bouffonne,
O fantaisie."
"Sur du Vent" souhaite à ses lecteurs une année 2008 tour à tour humble, délicate et choisie, ou mirifiquement bouffonne. -
Le POEME et le VRAI
Franchissons l'année avec René DAUMAL:
"Dans un vrai poème, les mots portent leurs choses".
D'autres ont même prétendu qu'ils avaient la vertu de les créer.