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  • Rose-Marie FRANÇOIS et le FANTÔME

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    Tu ouvres mon temps à la hache.

    Le sang des heures coule sur les reliefs

    d'autant de repas manqués. Communion

    sans pain, sans remords et sans gloire.

    Nous croyions savoir dire ensemble

    comment c'était avant, quand

    nous étions des chevaux sauvages,

    sans mors et sans cravaches,

    sans l'éperon des horloges.

     

    Je me trompais.

    La mer s'est retirée,

    tu reprends tes images, tes cadences

    et me laisses à la plage

    avec des coquilles vides.

    Le chant du vent déborde l'horizon,

    je t'appelle de ma voix rauque.

    Je regrette mes regrets.

    Mais je traverse ton fantôme

    à la recherche de ma vie.

     

    Rose-Marie FRANÇOIS, La saga dÎchanâs, Le Taillis Pré, 2007

     

     

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  • Les RÊVES selon Rose-Marie FRANÇOIS

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    Les doigts tachés

    d'encre ou de pomme,

     

    j'écris

    des crimes

    d'amours folles,

    des rimes

    à rien.

     

    Ô enfance rêvée

    des rêves mort-nés,

    nos mains se croisent

    sur le sabre

    qui leur crève les yeux.

     

    Rose-Marie FRANÇOIS, La saga dÎchanâs, Le Taillis Pré, 2007

     

     

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  • Les LICHENS selon René CHAR

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    Les lichens

     

    Je marchais parmi les bosses d'une terre écurée, les haleines secrètes, les plantes sans mémoire. La montagne se levait, flacon empli d'ombre qu'étreignait par instant le geste de la soif. Ma trace, mon existence se perdaient. Ton visage glissait à reculons devant moi. Ce n'était qu'une tache à la recherche d'une abeille qui la ferait fleur et la dirait vivante. Nous allions nous séparer. Tu demeurerais sur le plâteau des arômes et je pénétrerais dans le jardin du vide. Là, sous la sauvegarde des rochers, dans laplénitude du vent, je demanderais à la nuit véritable de disposer de mon sommeil pour accroître ton bonheur. Et tous les fruits t'appartiendraient.

     

    René CHAR, Les matinaux, Gallimard, 1950

     

     

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  • Seyhmus DAGTEKIN dans la VILLE

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    ...

    Ville qui n'a pieds sur terre

    Qui nous élève de la terre

    Nous coupe de la terre

    Des temps     sans passé

    Ville qui nous rassemble si peu nous ressemble

    /

    Par la fenêtre, nulle trace

    Que le miroir qui trahit nos présences

    ...

     

    Seyhmus DAGTEKIN, Juste un pont sans feu, Le castor Astral, 2007

     

     

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  • René CHAR dans les TÉNÈBRES

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    Il ne fait jamais nuit quand tu meurs,

    Cerné de ténèbres qui crient,

    Soleil aux deux pointes semblables.

     

    Fauve d'amour, vérité dans l'épée,

    Couple qui se poignarde unique parmi tous.

     

    René CHAR, La parole en archipel, Gallimard, 1962

     

     

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