Je suis un raciste de la paix :
les yeux bleus tuent,
les yeux noirs massacrent,
les cheveux frisés égorgent,
les cheveux lisses bombardent,
les peaux mates dépècent ma peau,
et les peaux blanches versent mon sang.
Seuls ceux qui n'ont pas de couleur
seuls les transparents sont bons
qui me laissent dormir la nuit en paix
et apercevoir le ciel
à travers eux.
Yehuda AMICHAÏ, Poèmes de Jerusalem, trad. Michel Eckard-Elial, Editions de l'éclat, 1991.