...[le ramoneur] m'avoua qu'il passait ses nuits à lire des lettres d'amour calcinées, les plus bouleversantes, les plus terrifiantes, les plus étonnantes, celles que le destinataire ne reçoit jamais, jamais ; celles qu'aucune créature n'ose jeter à la boîte, des lettres qui dépassent l'entendement, d'une sexualité épique, des lettres brûlées par les mots eux-mêmes, et que toute autre littérature lui paraissait inexistante à ses yeux, mensongère, exsangue, interchangeable, tout juste bonne à de pauvres petites culottes courtes de ton espèce...
René de OBALDIA, Le Centenaire, Grasset, 1960.