Le cas du mot "mail" mérite qu'on s'en mèle.
Désignant tout d'abord en anglais le courrier postal, la lettre, "mail" a évolué en e-mail pour désigner l'électronique courrier.
Puis l'e-mail s'est abrégé en "mail", sa forme d'origine, mais avec une modification du sens, l'aspect électronique devenant implicite.
Parallèlement, l'"adresse de messagerie" est insupportable au locuteur moyen: un octo-syllabe, c'est trop pour la vie qu'on mène. Elle est devenue "adresse mail" puis "mail" tout court comme dans l'expression qui fleure bon le vécu: "c'est quoi ton mail?".
C'est ainsi qu'en partant d'un mot, on arrive au même mot, mais revêtant deux significations, elles-mêmes différentes de celle d'origine.
Pour peu, comme c'est souvent le cas, que le reste de la phrase soit constitué d'ellipses et de sous-entendus, on obtient un langage où le flou domine.
Alors que le langage, comme le droit, devrait servir à apporter de la sécurité aux rapports humains, il véhicule ici de l'imprécision, qui traduit peut-être celle des esprits.
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Histoire du mail